ITS Integra : le Cloud souverain à taille humaine
Interview de Geoffroy de Lavenne, Directeur Général chez ITS Integra, réalisée par le magazine la Jaune et la Rouge
Publié le Jeudi 05 Juin 2025
Interview et article réalisés par le magazine la Jaune et la Rouge
ITS Integra : le Cloud souverain à taille humaine
Spécialiste français du Cloud et de l’infogérance, ITS Integra place la sécurité, la proximité et l’adaptabilité au cœur de sa stratégie. Dans un paysage numérique en pleine recomposition, l’entreprise, filiale d’ITS Group, vise la qualification SecNumCloud et entend bien affirmer sa vision : un Cloud robuste, flexible, mais avant tout humain. Entretien croisé avec Geoffroy de Lavenne, Directeur Général.
Quelles sont les spécificités d’ITS Integra dans un secteur fortement concurrentiel ?
Notre entreprise est née en 1999, et compte aujourd’hui environ 180 collaborateurs répartis sur deux sites – Boulogne-Billancourt et Montpellier – sans recours à la délégation de personnel. Nous opérons nos propres datacenters, ce qui nous donne un contrôle total sur la qualité et la sécurité. Nous proposons aussi des services via les hyperscalers (AWS, Azure, OVH…), avec un modèle multicloud pragmatique. Ce qui fait notre différence, c’est la proximité avec nos clients, en particulier les PME, ETI et organismes publics. Nous ne déléguons pas la relation client. Cette fidélité humaine est ancrée : certains partenaires sont avec nous depuis plus de dix ans, ce qui reste rare dans le Cloud.
Votre approche « humaine » est-elle compatible avec les exigences de performance et d’innovation ?
On pourrait croire que le numérique pousse à la déshumanisation, mais c’est justement l’inverse qui se produit quand on veut faire bien. L’automatisation, voire l’intelligence artificielle, permet de délester les équipes des tâches répétitives, mais le lien humain reste clé. Dans l’infogérance, un seul faux pas peut altérer la relation. D’où l’importance de l’écoute, de la stabilité des interlocuteurs et du suivi personnalisé. Notre modèle favorise des relations longues, qui vont bien au-delà du simple contrat. Ce métier est exigeant : les clients veulent de la réactivité, mais aussi une présence de confiance. L’IA ne remplace pas l’expérience partagée sur le terrain.
“Notre modèle favorise des relations longues, qui vont bien au-delà du simple contrat. ”
Comment adressez-vous la diversité de vos clients : secteur public, santé, éditeurs ?
Nous avons structuré notre organisation selon trois verticales : marchés publics, santé et éditeurs. Pour le secteur public, nous avons une cellule dédiée à la réponse aux appels d’offres. Pour la santé, nous sommes certifiés HDS, ce qui est une exigence réglementaire. Enfin, pour les éditeurs de logiciels, nous développons des offres sur mesure, y compris en prenant des risques commerciaux initiaux avec eux. Nous les accompagnons vers des modèles SaaS, en leur apportant l’expertise Cloud et l’infrastructure. Accompagner un éditeur dans sa croissance, c’est aussi croire en son modèle économique. On construit une relation de confiance sur le long terme.
Quelles innovations techniques vous paraissent structurantes aujourd’hui ?
Nous avons une cellule R&D interne qui explore de nouvelles technologies. L’innovation n’est pas une fin en soi, elle doit être utile. Nous nous concentrons sur deux axes : améliorer la performance de nos services managés et renforcer la cybersécurité. En tant que MSSP (Managed Secure Service Provider), nous intégrons dès la conception des briques de sécurité dans toutes nos offres. Cela passe par des outils de supervision, de détection d’anomalies, de gestion des identités ou encore de gestion des vulnérabilités. L’innovation, pour nous, c’est faire le tri entre les effets de mode et les besoins réels du terrain. Ce qui compte, c’est ce que nos clients peuvent concrètement déployer comme solutions.
Pourquoi avoir engagé une démarche vers la qualification SecNumCloud ?
C’est une décision stratégique. Il y a quatre ans, nous avions estimé que le coût de cette qualification n’était pas justifié car nos clients n’étaient pas OIV (Organismes d’Importance Vitale). Mais le contexte a changé. La demande de souveraineté s’est élargie, notamment dans la santé et les services publics. Cette qualification exige près de deux ans de travaux, avec des investissements lourds, notamment en sécurité périmétrique. C’est un signal fort : nos clients savent que nous mettons tout en œuvre pour atteindre le plus haut niveau de protection des données en France.
Est-ce que cela va rendre vos services plus chers pour les clients ?
Oui, une infrastructure qualifiée SecNumCloud est plus coûteuse qu’une infrastructure standard. Mais tout ne doit pas être souverain. Notre rôle, c’est d’aider les DSI à cartographier leurs données : certaines méritent un hébergement souverain, d’autres peuvent rester sur des hyperscalers. C’est pour cela que nous croyons au multicloud : offrir à chaque donnée le bon niveau de sécurité, au bon coût. Ce n’est pas un choix binaire entre Cloud souverain et hyperscaler, c’est un équilibre intelligent entre criticité, réglementation et budget.
Comment anticipez-vous l’évolution du cadre réglementaire européen sur le Cloud ?
Le débat autour de l’EUCS (European Cybersecurity Certification Scheme for Cloud Services) est central. La France pousse pour que ce référentiel reprenne les principes du SecNumCloud, notamment sur la souveraineté, mais d’autres pays comme l’Allemagne s’y opposent. Cette absence d’harmonisation crée une incertitude pour les prestataires. Pour nous, il est crucial que l’Europe adopte une ligne claire et cohérente. L’Europe doit trancher : voulons-nous garder la main sur nos données critiques ou dépendre de géants non européens ? Il faut un standard fort et souverain, à l’échelle du continent.
Et l’Intelligence Artificielle dans tout ça ?
Nous explorons l’IA sur deux fronts : en interne, pour optimiser nos services et automatiser certaines tâches techniques ; et pour nos clients, afin de proposer des offres IA sécurisées. Beaucoup d’entreprises utilisent des outils comme ChatGPT sans maîtriser les risques de fuite de données. À terme, nous pourrions proposer des LLM internes, souverains, pour certains usages métiers. L’IA, c’est un champ d’exploration. Mais comme toujours, il faut aligner la technologie avec les besoins, la sécurité et la valeur ajoutée.
Enfin, quelles sont vos ambitions à court et moyen terme ?
Nous voulons consolider notre position sur la sécurité et le Cloud souverain, accompagner nos clients dans leurs transitions technologiques et poursuivre notre croissance, y compris via des acquisitions ciblées. Notre groupe a une culture de la croissance externe – 25 acquisitions en 27 ans – et nous continuons dans cette voie pour enrichir nos expertises. Nous voulons rester fidèles à notre ADN : une entreprise solide, à taille humaine, qui mise sur la confiance, la sécurité et la proximité.
Lire l'article“Nous voulons rester fidèles à notre ADN : une entreprise solide, à taille humaine, qui mise sur la confiance, la sécurité et la proximité.”
Découvrir nos solutions